dimanche 26 janvier 2014

Metro Girl.

Parfois les transports en commun offrent de jolis moments.

C'est souvent se sentir proche de la condition bovine.
C'est parfois la crise d'angoisse qui monte, en voyant ces visages, ces figures fermées, fatiguées. Le nez dans l'Iphone, dans le 20 minutes, dans un bouquin. Je ne peux m'empêcher de chercher à voir l'auteur et le titre. Puis faire mon petit juge du bon goût...
En même temps les meilleures choses n'arrivent jamais sur un plateau, il faut gratter, patienter, creuser, insister... Et surtout chercher.
Quel sens donner à ce manège ? Ce jour sans fin répété encore et encore ?
J'ai le sentiment de ne voir que des mains tendues, espérant échapper à l'océan d'huile qu'est la routine...

Ce matin, j'ai eu un amour express.
En entrant dans la rame, pas si bondée, tant mieux!, je la vois tout de suite.
Appuyée sur les portes opposées, le nez dans son livre, imperturbable.
A la prochaine station, les portes s'ouvriront de ton côté et tu seras délogée...
Ca ne manque pas, absorbée par son livre, elle faillit chuter lorsque les portes se dérobèrent brutalement dans son dos.

Nous nous sommes retrouvés appuyés contre les blocs de sièges, face à face.
Elle, le nez dans son livre.
Moi, tentatives de garder le mien dans mon livre.
Je ne peux m'empêcher de poser mes yeux sur elle, sur son visage...
Une fois de plus l'érotisme d'une femme plongée dans son livre me semble évident.
Descendant sur le livre afin de voir ce qu'elle lisait, j'ai juste saisi "oiseaux".
Mon regard était déjà aimanté par ses mains.
Ca fait dix fois que j'essaye de relire 2 phrases de mon livre, j'y suis plus.

Je vais l'observer, la détailler, l'imaginer, nous rencontrer, nous découvrir, nous enflammer, nous aimer, nous fantasmer, nous caresser, nous envoler, nous espérer, nous rêver, nous être sauvés, nous construire, nous retomber dans routine mais "partagée", nous parler, nous engueuler, nous parler encore, nous engueuler encore...
Parler, engueuler, parler, engueuler, insulter, parler, menacer, parler....

Se quitter.

Durée de l'histoire: 20 min.

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