jeudi 1 novembre 2012

Clémentine, 25 ans.




8h30, le réveil sonne, me tire de mes rêves.

J'étais si bien, tout le monde me regardait comme j'étais, sans défauts.
Je parlais à mille et une personnes, il n'y avait aucun jugement, aucun dégoût dans leurs yeux.
Yann m'a montré comment fonctionnait sa machine à faire voler les gens. Un bricolage incroyable!
Avec deux fois rien il avait confectionné une catapulte infernale, une révolution boudée par le bon goût..
J'allais vers lui, flottant. Car dans mes rêves, je ne marche pas. Je vole, survole.. Je navigue.
"J'ai trouvé la solution à la tétéportation, il faut juste voir "grand", faire avec ce que l'on a.. Et j'ai trouvé!!
Le bras téléscopique! Une nacelle, des articulations, et te voilà transportée"
Sceptique, je doutais de sa trouvaille. Yann est un personnage récurrent dans mes rêves.
Il a toujours "LA" bonne idée, "LA" bonne réponse... Le genre de personne qui vous transporte sans ailes,
et sans moteur.. Mais sa conviction vous emmène loin.
Dans mon rêve, c'était ça. Son bras mécanique m'a enserrée, j'ai volé, survolé, cette ville prison, un clapier à échelle
humaine. Quatre murs, quatre planches. De A à Z nous vivons dans une boîte à chaussures.
Mes pieds ne touchent plus le sol, le tilleul rétrécit...
Ca marche!! Bon sang! Son invention marche. Je suis dans les airs, pleine d'adrénaline.
Le syndrôme de la hauteur m'avale, tout est si petit, tout est comme un lego..
Le bras imaginaire s'apprête à me déposer là où je voulais..
Là où je rêvais..

BBrrrrrIIIZZ BLLAAAA BRRRRRR

8h30, le réveil sonne..
Mon doigt télécommandé sonne la fin de ce supplice.
Le réveil imposé me dégoûte, sensation d'armée, sensation d'être ramenée..
Sensation d'être oubliée, aucun sms, seule embuée de rêves évanescents.
L'instrument de torture se tait.
Je m'étends. J'ouvre les yeux.. Une fraction de seconde me satisfait..
Autrement c'est la chute, mon rêve, untel, untel, boulot, untel, je peux pas laisser tomber, untel, quoi, qui, combien...
Combien...
Combien, revenait toujours à sa tête. Comme un message martelé insidieusement.
Combien?
Combien?
"Combien de fois à supporter ça!! enculés!!
vous me dégoûtez, bien pensants, toujours "politicaly corrects", sans à prioris..

Je m'appelle Clémentine, j'ai 25 ans, un bec de lièvre, caissière pour un grand groupe..
Chaque jour je me sens honteuse d'afficher ça, chaque jour je me maquille pour gommer ça..
Je suis la risée, je le sais. Je le vois dans leur yeux.. Sortis du magasin, j'en prends plein.

Je m'appelle Clémentine, j'ai 25 ans, je suis Clown pour les enfants, maquillée, je les fais rêver.
Mon bec de lièvre est source de curiosité. A vrai dire il n'existe pas, je suis Clown Clem..
Et sans maquillage ils ne se posent pas de questions.
Je suis la risée, je le sais. Je le vois dans leur yeux.. Sortis de la salle, ils rêvent.

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